Quilombo, Kalunga, n’y voyez pas, ici, un exercice de diction ! Il s’agit, de sociétés paysannes, cachées, créés par des esclaves brésiliens. Un Quilombo est une terre de l’arrière-pays brésilien qui fut fondée par des personnes d’origine africaine. La plupart des habitants de quilombos (appelés quilombolas) étaient des esclaves fuyant les plantations.

L’activité économique de ces sociétés solidaires reste pour l’essentiel inscrite dans un système social dominé par des rapports d’inter-connaissances, de parentés et de voisinages. On y pratique la polyculture, l’élevage et la limitation consciente des besoins pour mieux limiter l’endettement. L’unité de ces territoires se crée ainsi par voie associative. La terre est collective, les profits de la production agricole et de l’artisanat sont mutualisés et les rares équipements (voiture, moto…) sont à l’usage de tous. Ces territoires disposent d’une autonomie relative garantie par la loi, soucieuse de conserver les particularités de ces sociétés.

Kalunga, dans l’État de Goias, est un des quilombos les plus emblématiques du Brésil. Lula lui-même l’a visité il y a quelques années. Ce qui vaut à Kalunga une telle reconnaissance c’est son histoire particulière : cette communauté a vécu en quasi-autarcie pendant plus de deux siècles, entretenant des contacts sporadiques avec les commerçants des villes avoisinantes. C’est l’anthropologue Maria de Nazaré Baiocchi qui l’a “scientifiquement” découvert en 1982. Ce qui distingue la communauté Kalunga des autres Quilombos, c’est sa forte population environ 7000 habitants, et l’étendue de ses terres : 250 000 hectares ! Elles regroupent la plus grande partie des municipalités de Cavalcante, Teresina de Goias et Monte Alegre.

En 1995, la Fondation Palmaresa émis un titre de propriété sur le territoire de Kalunga couvrant une zone de 237 000 hectares et l’instituant comme site historique et patrimoine culturel. Néanmoins, près de 50 fazendas (ferme) occupent la moitié de ces mêmes terres depuis près d’un demi-siècle et notamment les terres les plus fertiles. Le problème, est que cette loi ne prévoyait en aucun cas d’indemniser les 50 fazendeiros. Les propriétaires, n’ayant pas la moindre intention de quitter leurs terres, sans la moindre compensation, se mirent à tyranniser les Kalungeiros. Ils leurs interdisent de planter des cultures vivrières ou de faire paître leurs bêtes car ce sont des signes de possession de terres. De ces comportements, il en résulte que des Kalungeiros vivent dans la misère, affamés et parias sur leurs propres terres, parfois mêmes menacés de mort par des fazendeiros qui les accusent d’envahir leurs terres.

J’ai eu la chance de vivre quelques jours dans cette communauté. Le village « officiel » de la communauté mise beaucoup sur l’activité touristique, les plus importantes et plus belles « cachoeiras » de l’état de Goias, sont gérées par les Kalungeiros. L’artisanat réalisé par les femmes de la communauté est proposé dans la boutique solidaire du village. De nombreuses cuisinières offrent à nos papilles des recettes mélangeant différentes saveurs incroyables et locales.